Un jour,
l'épouse de Abdoul-lah Ibn Hirâm rendit l'âme, lui laissant la charge
de leurs neufs filles et leur garçon unique (Jâber). Le père dut alors
faire face et élever seul ses dix enfants qui constituaient une lourde
responsabilité. Cependant, ce devoir de père ne l’empêchait pas de
combattre dans le sentier d'Allah. En effet, Abdoul-lah participa à la
bataille de Badr. Jâber, son fils, demanda à combattre aussi, mais le
père refusa en raison de son jeune âge.
Plus tard, à l'aube de la bataille d’Ohod, Jâber ayant acquis une
certaine maturité et un certain âge, était fin prêt à combattre au côté
des Musulmans. Malheureusement père et fils ne purent partir à
l'expédition côte à côte et laisser les filles vouées à elles-mêmes
sans tuteur à Médine. Ils étaient animés d'une grande ferveur, tous
deux voulurent plus que tout participer au combat, mais l'un des deux
devait impérativement rester pour veiller sur les filles. Ils n'eurent
d'autre alternative que le tirage au sort.
Le père fut sorti vainqueur du tirage. C’est alors que Jâber se mit à
pleurer, des larmes d’amour pour Allah, l’Islam et le Paradis.
Le père voyant son fils triste le réconforta en ces termes : « Mon
fils, par Allah, si c’était autre chose que le Paradis, je te l’aurais
laissé… ».
Le fils continua à pleurer et le père s’approcha de lui et poursuivit :
« Jâber, je me vois mort en Chahid aujourd’hui ; même le premier des
Chahids. Par Allah, la personne que j’aime le plus, après le Messager
d’Allah, c’est toi mon fils. Sache aussi que j’ai des dettes, je te
charge des les régler. Je te confie tes sœurs ; soit bon envers elles. »
Le père partit alors au combat et mourut effectivement en Chahid ; il fut même le premier des Chahids de la bataille.
Le jour même, on informa Jâber : « Jâber, ton père est mort ! »
Bouleversé, celui-ci courut sur le champ de bataille à la recherche du
cadavre de son père, mais les mécréants, après avoir tué ce dernier,
l’avaient mutilé si cruellement, que la vue de son corps fut
insoutenable, si bien que les compagnons n'autorisèrent pas Jâber à le
voir.
Jâber raconte :
« Je voulais voir mon père ; mais les compagnons du Prophète me
repoussaient ! Je leur disais de me laisser le voir ! Le Prophète leur
donna l'ordre de me laisser m'approcher. J’ai donc regardé mon père,
puis j’ai caché mes yeux remplit de larmes dans ma manche… Le Prophète
m’a regardé et m’a dit « Mon fils, pleure-le ou ne le pleure pas ; les
anges le recouvrent quand même de leurs ailes d’ici jusqu’au Ciel. Sois
content, ô Jâber ! ». J’ai répondu :
- content de quoi, ô Messager d’Allah ?
- Jâber, tu sais quoi ?
- Oui, ô Messager d’Allah ?
- Allah ne parle au gens que derrière un voile.
Cependant, il a parlé à ton père sans voile ! Allah lui a dit : « ش
serviteur, que souhaites-tu ? » Ton père a répondu : « Je souhaite
revenir sur le champ de bataille, combattre aux cotés de ton Prophète
et mourir sur Ton sentier, parce que j’ai trouvé cette mort magnifique
! » Allah lui a dit : « J’ai déjà affirmé qu’il n’y a de retour vers le
bas monde, ô serviteur, souhaite autre chose. » Ton père a donc répondu
: « Je souhaite que Tu informes mes frères combien je suis heureux ! »
Des versets ont alors été révélés au Prophète, paix et salut sur lui
_Wala tahsabanna allatheenaqutiloo fee sabeeli Allahi amwatan bal ahyaonAAinda rabbihim yurzaqoona.
Ne
pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d'Allah, soient
morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien
pourvus
_Fariheena
bima atahumuAllahu min fadlihi wayastabshiroona biallatheenalam
yalhaqoo bihim min khalfihim alla khawfunAAalayhim wala hum yahzanoona.
et
joyeux de la faveur qu'Allah leur a accordée, et ravis que ceux qui
sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne
connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés.
_Yastabshiroona biniAAmatin mina Allahiwafadlin waanna Allaha la yudeeAAuajra almu/mineena
Ils sont ravis d'un bienfait d'Allah et d'une faveur, et du fait qu'Allah ne laisse pas perdre la récompense des croyants.
Qu'Allah nous accorde une mort sur Son sentier. Amine.